XV de France : Dalla Riva, voyageur au long cours !

27/04/2016

Finaliste en 1991, à 21 ans, avec le Stade Toulousain, le troisième ligne Bruno Dalla Riva ne put orner d’un troisième fleuron la vitrine familiale où trônent les titres remportés avec l’US Carmaux par son grand-père Alexis (1ère division, 1951) et son père Joseph (2e division, 1972). Mais il ne s’agit pas ici de dérouler une saga familiale, à laquelle appartiennent aussi son frère Johan et Christian, le cousin de Jo. Seulement de retracer un parcours qui a conduit ce Dalla Riva sur la … rive du XV de France par une navigation au long cours, mouvementée à son seul gré, au contraire de celle des aïeux dans les canaux de Vénétie.

A 28 ans, alors qu’il porte le maillot de Castres, Bruno repart à la fac, en Sciences Sociales, pour obtenir un DESS de marketing. Il avait interrompu un DUT en 1992 et, recruté par Béziers, il avait travaillé à l’EDF à Montpellier. Le président du CO lui trouve, à Paris, un poste de chef de zone Asie chez Pierre Fabre, d’où sa signature au Racing où il termine sa carrière en 2001. Il postule alors pour la filière américaine de Pierre Fabre et devient responsable marketing à Los Angeles pendant cinq ans. Il est ensuite, de 2006 à 2008, directeur commercial à Montréal : c’est là que le garçon, qui a toujours aimé l’entraînement et toujours pris soin de son corps, découvre la préparation physique à l’anglo-saxonne. Au retour au pays, après avoir prospecté les clubs professionnels de football et de rugby pour distribuer la marque Under Armour (sous-vêtements techniques qu’il utilisait au Canada), il entre à la fac de Poitiers, à 39 ans, pour obtenir un DU de préparation physique. En même temps, il s’est lancé le défi du triathlon et il participera notamment à deux Iron Man, dont celui d’Embrun : « Au bout de quatre ans, j’ai arrêté. Je m’entraînais 20 heures par semaine, l’activité était trop addictive et mon corps s’usait trop ».

En 2011, dans le cadre d’un Master 2, Bruno intègre le staff de l’équipe espoirs du Stade Toulousain et sa méthode de travail suscite l’intérêt de … Yannick Bru. Sur un coup de sang, le préparateur au long cours prend un billet d’avion pour la Nouvelle-Zélande où il a décidé de passer un été entier.

Préparation fonctionnelle

« Grâce à Tony Marsh et Christophe Urios qui m’ont ‘‘branché’’ sur les Chiefs et les Crusaders, raconte-t-il, j’ai vu travailler les Read, Carter, Dagg, Retalik, Sonny Bill Williams, les frères Franks, Messam etc. J’ai été conforté dans mes convictions, dans ma vision fonctionnelle de la préparation fondée sur la compréhension de la biomécanique humaine et proposant des exercices adaptés aux efforts spécifiques du rugby, à savoir accélérer, décélérer, changer de direction et, pour les gros de devant, pousser. Les Blacks, qui possèdent un niveau athlétique phénoménal, ne font que de la préparation fonctionnelle, les Anglais et les Gallois aussi. Il y a 25 ans, on ne savait pas : moi le premier, en pratiquant la musculation à outrance, j’ai fait des bêtises. J’ai réalisé à Béziers, grâce à Yves Brouzet, le père d’Olivier, que je ne suivais pas le bon chemin : il m’a démontré que je n’étais ni fort, ni puissant ni rapide ; que ce n’était pas le volume de travail qui comptait mais la qualité, la précision. Effectivement. Alors, j’ai repris à mon compte la formule « S’entraîner moins pour jouer mieux ». Mon boulot consiste à optimiser un potentiel, à le doter de la mobilité articulaire indispensable : c’est du fignolage ».

En mai 2015, Bruno Dalla Riva a intégré le staff du XV de France, la nécessité d’un troisième préparateur s’étant imposée en perspective du Mondial. Le Tarnais correspondait parfaitement au profil recherché par Philippe Saint-André : ancien pro, expérience anglo-saxonne, vision conforme à celle de Julien Deloire et Julien Piscione. Guy Novès ayant validé à son tour ce dispositif, Bruno peut poursuivre une aventure qu’il vit passionnément. Quand il n’est pas au service des Tricolores, il entraine sur les mêmes principes, à Toulouse, ses clients privés. Ainsi la salle de musculation où il nous a reçu est-elle dépourvue d’appareils : « Tout le travail se fait debout, par exemple avec des pierres de force basque. Les clients réapprennent des mouvements primitifs ». Pendant ces séances, le fils à Jo rêve forcément d’un XV de France taillé dans le roc.