Un Club / Une action : Rugby Club Roubaix, des valeurs en Nord
28/06/2023À l’image de la nouvelle pelouse synthétique bordée par l’illustre piste du vélodrome du parc des Sports, le Rugby Club Roubaix Club (RCR) est résolument tourné vers l’avenir sans jamais oublier sa riche histoire. L’équipe fanion lorgnait la Fédérale 2, un niveau encore jamais atteint, mais a échoué de justesse en 8ème de finale contre Auxerre. Autre preuve criante de ce changement de dimension, le lieu de résidence du RCR qui se dévoile doucement à l’autre bout du stade du Carihem. Le club-house ou les vestiaires actuels, surannés depuis quelque temps déjà, vont être remplacés par un complexe flambant neuf.
La terrasse du nouveau lieu de vie de 200 m2 , qui hébergera un restaurant, dominera trois terrains synthétiques pour devenir le plus grand complexe de rugby au nord de la Seine. Des bureaux, une salle de réunion et des vestiaires dignes de ce nom vont aussi sortir de terre. « Ce vestige va disparaître. Aujourd’hui, on a sûrement les pires installations de Fédérale 3. À livraison début septembre, on aura parmi les meilleures ! Il n’y a pas encore de date arrêtée mais la grande fête inaugurale aura lieu autour du 8 septembre, comme celle de la Coupe du monde », jubile Luc Charles, le vice-président du club. Il est aussi le responsable de la commission ESC créée par le club nordiste, trois initiales qui ont forcément plu au comité de labellisation des clubs : Éducation, Santé, Citoyenneté. Et c’est incontestablement dans ce dernier domaine que s’inscrit l’implantation d’une action récente, la plantation de « la forêt des valeurs ».
Le 8 mars dernier, quelques jeunes licenciés se sont armés de bon matin de pelles et de pioches pour enraciner quinze arbrisseaux venus des six continents. Eucalyptus d’Océanie, noyer noir des États-Unis, cèdre bleu du Liban et même un hêtre austral importé d’Antarctique forment cette forêt universelle. Elle va patiemment grandir ces prochaines années afin d’apporter un peu d’ombre au totem où ces mêmes continents sont représentés par une flèche colorée à leur nom. Ce totem a trouvé sa place au sommet d’une petite butte couverte d’herbe grasse, non loin d’un morceau d’histoire bétonné aux relents nauséabonds.
Un blockhaus et des kilomètres de réseaux sous terre s’offrent à Bernard Leroy : « C’était dangereux, on pouvait aller très loin. La première chose demandée était de boucher l’entrée et de condamner les portes. On a quand même laissé deux petits coins visibles mais c’est devenu une zone verte. Pour que ce blockhaus reste repérable, on a profité de la Coupe du monde pour concevoir ce projet avec l’aide précieuse des espaces verts de Roubaix pour trouver les espèces et les essences. Dans cette région très impactée par les deux guerres mondiales, le devoir de mémoire est essentiel », rappelle celui qui est au club depuis plus de 40 ans dont trois mandats à la présidence, et est aussi le responsable d’une école de rugby qui accueille pas moins de 160 enfants. Ils étaient neuf lorsqu’il a occupé une première fois le poste en 1980. Le dirigeant bénévole est aussi à l’origine de ce projet qu’il porte depuis deux ans.
Solidarité, convivialité et combativité
C’est en recevant les clés de la maison de l’ancien régisseur du stade que la lampe s’est allumée : « On a sauté sur l’occasion pour qu’elle devienne la nôtre. Il y avait une condition : monter un projet qui dépasse le simple cadre sportif. On a donc voulu en faire notre Maison du rugby et y lier un projet environnemental. On en a aussi profité pour remémorer à tout le monde que ce site, construit sur une ancienne déchetterie, avait vu pendant la guerre la construction d’une unité de blockhaus », explique Bernard Leroy. « C’était oublié. C’est grâce à Bernard que les enfants de l’EDR ont connu cette histoire. Ce projet mêle devoir de mémoire, éducation et développement durable, autant de piliers de notre projet de club », adoube Luc Charles.
Le vice-président du RCR avait pris bonne note des résultats d’un grand sondage organisé en 2021 auprès des familles de licenciés du RCR : « On leur demandait de désigner les trois valeurs qui représentaient le mieux le club : solidarité, convivialité et combativité sont arrivées en tête devant la responsabilité, le plaisir, le dépassement de soi, l’esprit collectif ou le respect des joueurs, des différences, de l’adversaire, de l’arbitre et de soi. » On retrouve dix-sept de ces valeurs inscrites en lettres d’or sur un autre totem, fabriqué par Bernard Leroy, posé au cœur de cette « forêt des valeurs », « Et de la mémoire », aime-t-il ajouter. Un autre arbre va bientôt la rejoindre. Il sera peint sur la façade de cette petite maison fraîchement acquise, accompagné de plaquettes aux noms d’illustres joueurs, bénévoles ou dirigeants du club. Un autre devoir de mémoire.
Entre les quatre murs du nouveau club-house, on ne parle que d’avenir, de développement. À ses portes, un potager, un jardin d’agrément et un verger d’arbres fruitiers sont une autre responsabilité des jeunes licenciés. Le club orange et noir est également vert de bonheur d’avoir fait venir l’association Fair Play for Planet de Julien Pierre, apparu au club pour présenter son label. « On est également inscrits dans la démarche “zéro déchet” et on sensibilise les enfants sur le sujet. En plus de pancartes qui décriront chaque arbre, ils seront aussi mis à contribution pour réaliser des petits panneaux historiques qui seront installés le long de la voie verte voisine », informe Luc Charles.
Un rôle societal grandissant
Directeur d’école primaire dans le « civil », il constate avec bonheur que le rugby y gagne du terrain ces dernières années : « Quand j’ai pris ce poste en 2002, il y avait déjà du rugby à l’école. Mais l’accès y est facilité aujourd’hui. » C’est aussi la conséquence des nombreuses actions menées par le RCR en milieu scolaire, de la maternelle au lycée, notamment dans les QPV (quartiers prioritaires de la ville). Temps fort du calendrier du club, les Ovalies Roubaisiennes regrouperont début juin 2 500 élèves des écoles de la région. « L’événement s’étale sur quatre jours et trois sites différents avec des initiations au rugby pour ceux qui ne connaissent pas. C’est un très gros boulot d’organisation avec un tournoi des EDR le week-end précédent », décrypte Luc Charles.
En cette année de Coupe du monde, la 26ème édition des Ovalies est déjà sur les rails de l’événement. « On a demandé à toutes les écoles participantes de fabriquer un train en carton avec une locomotive au nom de l’établissement et des wagons sur différents thèmes comme un pays ou une valeur. On voudrait profiter de l’inauguration du club début septembre pour que toutes les écoles participantes viennent faire une exposition avec leur train. Et si on manque de place, on la fera à l’hôtel de ville. Monsieur le maire est au courant… », glisse Bernard Leroy.
Le 9 avril dernier, comme à chaque édition de Paris-Roubaix, des centaines de spectateurs sont venus faire une halte désaltérante au stade voisin du Carihem. Outre les imposants échafaudages qui préparent l’avenir du RCR, leur curiosité a été piquée par ces six flèches qui pointent vers différents horizons. Grâce aux nombreuses actions menées et au rôle societal grandissant qu’il joue dans la ville et la région, celui du RCR semble bien dégagé.
RUGBY CLUB ROUBAIX
- Création : 1975
- Adresse : 241 bis avenue du Parc des Sports, 59100 Roubaix
- Président : Léonard Delcourt
- Téléphone : 03 20 81 13 88
- Mail : rugbyclubroubaix@outlook.com
- Licenciés : 280