Tournoi des 6 Nations : Gaël Fickou, taille patron

31/01/2020
Avec 51 sélections, Gaël Fickou fait figure d’ancien à seulement 25 ans. Pour sa 9ème confrontation face à l’Angleterre, son duel au centre du terrain avec un certain Manu Tuilagi s’annonce explosif.

Gaël Fickou n’oubliera jamais ses débuts contre les Anglais. Pour cette première au Stade de France, le 1 er février 2014, le jeune centre du Stade Toulousain est remplaçant. Il reste six minutes à jouer et Alex Goode, le buteur anglais, vient de donner un peu d’air à son équipe, qui mène à Saint-Denis (24-19). Philippe Saint-André a demandé à Fickou, 19 ans à peine, d’entrer à la place de Mathieu Bastareaud au côté de Wesley Fofana. Le chrono tourne, défavorable aux Bleus. Ils tentent le tout pour le tout depuis leurs vingt-deux mètres. Yannick Nyanga parvient à s’échapper sur l’aile gauche avant de se faire plaquer. Le ballon rebondit jusqu’à l’aile opposée où Dimitri Szarzewski, en position de centre, décale parfaitement Gaël Fickou sur son extérieur. Une feinte de passe pour son ailier et le jeune attaquant se joue de Goode et s’ouvre le chemin de l’essai. Le Stade de France exulte. Les deux équipes sont à égalité (24-24) avant la transformation de Machenaud qui ne tremble pas et offre au XV de France un succès de prestige. Gaël Fickou est entouré, embrassé, félicité. Pour son premier match face aux Anglais, il s’est montré décisif. Six minutes sur le terrain, un essai sur son premier ballon d’attaque et les félicitations de tous.

Six ans ont passé. Gaël Fickou a laissé Toulouse et la Garonne pour rejoindre Paris, les rives de la Seine et le Stade Français. Depuis son exploit du Stade de France, il n’a plus quitté les Bleus, joué deux Coupe du monde (2015 et 2019), accumulé les sélections. À 25 ans, le voilà « vétéran » dans la nouvelle équipe concoctée par Fabien Galthié. Il compte cinquante et une sélections et en l’absence de ses anciens coéquipiers toulousains, Maxime Médard et Yoann Huget, le voilà désigné tout naturellement cadre de l’attaque française. Un nouveau statut qui ne le gêne pas, bien au contraire. « Je suis là depuis longtemps, admet-il. J’ai joué avec des joueurs qui sont aujourd’hui mes entraîneurs (ndlr : William Servat). Mais ça ne change rien. Cette expérience fait que je parle plus, que je donne plus mon avis. Je ne me prends pas la tête. Bien sûr que si j’ai des conseils à donner, je le ferai pour aider les jeunes joueurs… même s’ils ont vite assimilé les choses. »

Depuis ce fameux soir de février 2014, Fickou a eu l’occasion de retrouver les Anglais sur son chemin. À sept reprises. Il les a à nouveau battus, deux fois (2015 et 2018), mais n’est jamais plus parvenu à inscrire le moindre essai à une défense anglaise sur ses gardes.

UNE NOUVELLE MISSION

En grande forme depuis la Coupe du monde au Japon, Fickou est prêt à relever de nouveaux défis. Il sait qu’on compte sur son expérience pour encadrer la jeune vague qui a déferlé sur le XV de France. Shaun Edwards, le nouveau patron gallois de la défense française, vient d’en faire « son capitaine de défense », autrement dit celui commandera les placements et les montées défensives. La semaine avant le Crunch, Edwards a annoncé que « Gaël Fickou serait le capitaine de la défense ». Et Edwards, formé à la dure école treiziste des Warriors de Wigan, ajoute : « Je lui ai proposé ce rôle et il l’a accepté. J’attends de lui qu’il soit un meneur d’hommes, comme ont pu l’être Jonathan Davies et Jamie Roberts avec le pays de Galles. Je suis sûr qu’il va devenir un grand capitaine de la défense. »

Investi d’une nouvelle mission, Gaël Fickou attend avec impatience l’épreuve du feu. Face aux Anglais, qu’il défiera pour la neuvième fois, à Manu Tuilagi qu’il n’a encore jamais affronté directement (l’an passé à Twickenham, Fickou jouait à l’aile et Tuilagi au centre), il se dit prêt à relever le défi. Confiant dans le nouveau projet porté par le staff de Fabien Galthié. « Nous avons les moyens de nos ambitions, se réjouit-il. Tous les staffs que j’ai connus ont voulu aller vers ça. Sauf qu’à l’époque, on ne leur donnait pas les armes pour avoir 42 joueurs à disposition pour préparer les matchs. Je suis sûr que nous allons franchir une étape. »