Sécurité : Les protections des joueurs

19/05/2016
La Fédération Française de Rugby a fait de la sécurité du joueur une de ses priorités. Pour cela, un arsenal de protections doit être complété par la compétence technique du joueur.

La commotion avait été l’un des thèmes majeurs du dernier congrès médical de la FFR, en octobre 2014 à Biarritz. Ce problème, qui n’est pas encore clairement identifié par la médecine, demeure, avec les traumatismes cervicaux, dans toute son acuité. Il est vrai qu’on y prête bien davantage attention que naguère.

N’empêche que les fiches remplies par les arbitres à la fin du match (depuis avril, la déclaration est informatisée) et collectées comité par comité ont permis de répertorier 1.400 commotions dans le secteur fédéral sur la saison 2014-2015. Un tiers d’entre elles, pourcentage considérable, ont été constatées chez les moins de 16 et moins de 18 ans, générées le plus souvent par la phase plaqueur-plaqué (l’enquête de cette saison distingue les deux attitudes) mais les recommandations qui suivent sont évidemment valables pour tous les pratiquants.

Elles émanent à la fois du comité médical de la FFR, que préside Jean-Claude Peyrin, et de la DTN, représentée en matière de santé et sécurité par Benoît Oszustowicz, conseiller technique national. En effet, cette cause prioritaire implique à la fois médecins et techniciens, sans parler des arbitres et des dirigeants qui seront associés aux Journées Sécurité de septembre. Car il ne suffit pas de s’équiper des protections classiques : non seulement elles ne rendent pas invulnérables mais encore faut-il qu’elles soient adaptées aux besoins et aux pathologies. Et surtout que l’arsenal des protections soit complété par la compétence technique du joueur, encore insuffisante actuellement.

1. L’équipement

LE CASQUE. Il protège des plaies du cuir chevelu, des lésions des oreilles mais il n’a pas prouvé son efficacité contre la commotion car la face n’est pas protégée et l’onde de choc peut même provenir du thorax. Pourtant, le joueur porteur d’un casque a tendance à se croire protégé de la commotion, donc à se montrer moins prudent.

LES EPAULIERES. Une bonne épaulière ne doit pas, selon le docteur Peyrin, se contenter de protéger l’avant. Il est nécessaire qu’elle protège également l’arrière (fosse sus et sous épineuse) et qu’elle descende assez bas pour protéger aussi latéralement, en cas de chute sur le moignon de l’épaule.

LE PROTEGE-DENTS. Il protège également l’os de la mâchoire et favorise, par le fait de serrer la mâchoire au moment du plaquage, le gainage des muscles cervicaux. Ce mouvement, complété en Nouvelle-Zélande par le collage de la langue sur le palais, semblerait atténuer l’onde de choc au cerveau et diminuer ainsi le risque de commotion. Jean-Claude Peyrin lance le débat : « Ne faudrait-t-il pas rendre le protège-dents obligatoire, chez les jeunes pour commencer ? »

AUTRES PROTECTIONS. Pour les côtes et les apophyses transverses, l’espèce de gilet qui existait autrefois et incluait une protection de l’épaule reste recommandé.

Protège-tibias : l’idéal est celui qui comprend une chevillère, prenant en dessous du pied.
Shorts rembourrés pour se prémunir des béquilles

Chaussures et cramponnage : les chaussures basses se sont généralisées, ce qui augmente le risque d’entorses de la cheville, d’autant que les joueurs sont plus grands et courent plus vite, souvent avec des crampons longs. Pour les grands gabarits, des chaussures mi montantes seraient plus indiquées. Quant au laçage, il n’est pas toujours effectué avec le soin nécessaire.

2. La technique

Benoît Oszustowicz constate : « L’éducation physique n’a pas la même part qu’autrefois. Globalement, les jeunes sont moins sportifs et ils se présentent sur le terrain avec un déficit de préparation par rapport à l’intensité de l’affrontement. Ils ont l’impression que les protections les rendent invulnérables mais ce n’est pas le cas ». Leitmotiv du conseiller technique national : « Entre le casque et les épaulières, il y a le cou » Renforcement musculaire et gainage sont donc impératifs mais aussi la protection technique.

ÉCHAUFFEMENT. C’est une phase importante, trop souvent bâclée. L’échauffement du groupe musculaire antérieur de la ceinture scapulaire, couramment pratiqué par les Anglo-Saxons, est négligé par nos rugbymen. Le docteur Peyrin donne un exemple d’exercice, entre autres : abaisser ou ramener un élastique accroché à une poignée de porte. Par ailleurs, il recommande un programme complet d’échauffement en isométrie (contractions sans déplacement), quitte à lui consacrer une bonne vingtaine de minutes.

LE PLAQUAGE. De nombreux accidents cervicaux et commotions sont causés par une mauvaise technique de plaquage : « Tout plaqueur a un côté faible, souligne Benoît Oszustowicz, et ce côté faible n’est pas assez travaillé ».
Pour sa part, Jean-Claude Peyrin évoque la pathologie du plaquage : « Si le bras n’est pas bien enroulé, il peut être emporté et il s’en suit une instabilité antérieure de l’épaule. Sur une mauvaise chute, l’impact sur le moignon de l’épaule est susceptible de provoquer une lésion acromio ou sternoclaviculaire, une luxation ».

L’apprentissage de la chute, y compris sur sol dur, était le thème des Journées Sécurité de l’année dernière. Cette année, la DTN et le comité médical ont retenu comme dominante technique : « Réapprendre à plaquer ». Afin d’alimenter le thème, Benoît Oszustowicz s’est rendu récemment dans le Gers, à Auch et L’Isle-Jourdain : les enfants de l’école de rugby ont été filmés dans des situations dirigées et le document réalisé sera proposé aux Journées Sécurité de septembre. Celles-ci réuniront, au plan départemental, quatre ou cinq représentants de chaque club, à raison d’un par équipe.