Romain Ntamack, jeune homme pressé !

30/10/2020
Il a l’insouciance de son jeune âge, le talent des grands et la maîtrise qu’exige son poste d’ouvreur. À 21 ans, il a toute la vie devant lui. Et une carrière qui s’annonce exaltante.

Romain Ntamack fait partie de la génération dorée avec laquelle le rugby français espère retrouver des couleurs au plus haut niveau international. La précocité n’a jamais dérangé le jeune Toulousain, comme si l’âge n’avait aucun impact sur son attitude et ses performances. Peut-être le fruit des divers « surclassements » qui jalonnent sa jeune carrière. Romain a toujours joué avec plus grand que lui. Il a un peu plus de quinze ans, en 2015, lorsqu’il est sélectionné dans l’équipe de France des moins de 17, un peu plus de 17 ans en 2017, en équipe des moins de 20 ans, avec laquelle il brillera l’année suivante, à l’occasion des championnats du monde joués en France. Le premier titre mondial du rugby français depuis 2006 récompense le talent de Romain et de ses copains.

Deux ans ont passé, et le fils d’Emile, talentueux joueur du Stade Toulousain et du XV de France des années 90, poursuit son ascension. Elu révélation de l’année par World Rugby à l’issue de la Coupe du monde au Japon, le voilà installé dans le fauteuil du chef d’orchestre du XV de France, à la baguette d’une attaque française qui a retrouvé son allant et son talent ! Lui avance sans se soucier de tous ces honneurs, faisant de sa jeunesse et de sa fraîcheur des atouts qu’il distille à bon escient. Avec son copain et coéquipier toulousain Antoine Dupont, ils forment une charnière désormais crainte par tous les adversaires des Bleus.

Lui trace son chemin, le regard altier qui sied aux ouvreurs de premier rang. Son palmarès est déjà à la hauteur de son talent. Et il ne lui déplairait pas d’y ajouter quelques lignes. Comme gagner le Tournoi par exemple, et mettre fin à dix années de disette, même si la victoire finale ne dépend pas que du résultat de France-Irlande. C’est pourquoi il préfère dépassionner le débat autour du choc au sommet qui attend les Bleus au Stade de France et se concentrer sur l’objectif que lui et ses coéquipiers se sont fixé : poursuivre leur marche en avant. « On pense à la victoire finale dans le Tournoi, affirmait-il avant le match. Mais on préfère se focaliser avant tout sur notre adversaire, l’Irlande. Il ne faut pas trop penser au titre mais se concentrer sur notre match, réussir 80 bonnes minutes et mettre de l’application, comme face aux Gallois. »

Forcément, on ne manquera pas d’évoquer son face-à-face avec un maître en la matière, Jonathan Sexton. Il préfère évoquer le duel tactique qui attend les Bleus. L’ouvreur toulousain s’attend à une belle bataille d’occupation du terrain au pied, par des maîtres en la matière, les artificiers irlandais dont un sacré allumeur de chandelles… nommé Sexton. « On sait qu’ils aiment taper des ballons hauts, ils sont habitués à cette stratégie-là, analyse-t-il. Ils ont un jeu au pied très précis. À nous de nous montrer solidaires sous les chandelles. Nous aussi, on a des armes dans ce secteur. Le week-end dernier, on a beaucoup tapé dans le ballon, des jeux au pied stratégiques qui ont mis les Gallois à mal. Contre l’Irlande, il faudra gagner la guerre de l’occupation pour remporter le match. » Et dans cette guerre d’usure, Romain Ntamack, enfant prodige du rugby français, devra donner le « la ». Bon pied, bon oeil !