Plan de lutte contre les violences et les incivilités : Prévention, répression et classement des matches à risques

19/05/2025
Le Plan de lutte contre les violences et les incivilités poursuit son déploiement avec de nombreuses actions des clubs, Comités départementaux et Ligues régionales. En Ariège, à La Seyne-sur-Mer, au pied des Alpes ou dans un village héraultais, Nous sommes allés sur le terrain à la rencontre de ceux qui agissent chaque week-end.

Face à une situation de plus en plus critique d’augmentation des débordements violents et d’insultes déplacées, la FFR a élaboré au premier semestre 2024 un plan ambitieux pour lutter contre les violences et les incivilités. Applicable à tous les niveaux depuis le début de cette saison, il s’articule autour de quatre axes principaux déclinés en 30 actions concrètes  : sensibiliser, former, prévenir et réprimer. Deux campagnes de communication incluant des vidéos chocs et des messages forts ont déjà réveillé les consciences et amorcé le chapitre de la sensibilisation, l’une sur les comportements néfastes envers les arbitres, la deuxième sur l’attitude des parents.

Le second volet met en place des outils éducatifs et formations adaptées pour préparer tous les acteurs du rugby à détecter et intervenir efficacement contre les comportements violents. Pouvoir prévenir des risques permettra de créer des environnements sécurisés, sains et respectueux où chacun peut s’épanouir au sein du rugby grâce notamment à la création d’un observatoire du climat des violences ou encore en élargissant le pouvoir des officiels de match. Enfin, le volet répression est incontournable pour protéger l’intégrité physique et morale des participants.

L’information, la sensibilisation et la prévention sont les points de départ. À Blagnac, malgré la grande attractivité du club haut-garonnais situé dans un grand bassin de population, aucun incident majeur, aucune violence ne sont à déplorer. Toutefois, on s’adapte. « On a remis au goût du jour notre règlement intérieur,explique Marie Roland, la présidente du club “caouec” (le surnom des Blagnacais). On y a écrit noir sur blanc que l’alcool était interdit aux mineurs, lors des déplacements, à consommer avec modération pour les autres, que la prise de produits illicites, dopants et autres était prohibée. »

Le club est en mode préventif. « On voit que certains soucis atteignent d’autres clubs, donc c’est une sorte de rappel à l’ordre dans notre environnement. Surtout, si un jour on est confrontés à certains problèmes décrits, les gens ne pourront pas dire qu’ils n’étaient pas au courant. » Mais il y a aussi les agressions physiques ou verbales, voire les insultes racistes, une ambiance délétère gangrène comme les autres disciplines aussi parfois les stades de rugby.

Une situation insupportable pour le président de l’US Seynoise, Florian Béguine, qui l’oblige à dégainer un arsenal répressif  : « On ne lâche pas l’affaire. On essaye de ne pas minimiser l’intervention des forces de l’ordre. Puis si ce sont des supporters qui sont affiliés au club, on les convoque pour les réprimander individuellement même si ce n’est souvent pas suffisant. » Le successeur des frères Fickou à la présidence de l’US Seynoise l’été dernier ne se rassure pas en voyant que ces problèmes se produisent un peu partout. « Il faudrait peut-être plus de moyens humains ou financiers pour contrôler certaines enceintes difficiles qui accueillent les matches de nos jeunes joueurs, assure-t-il. L’une des solutions serait peut-être de pouvoir interdire l’accès au stade à titre individuel aux personnes qui ont causé des désordres. Nous n’avons pas ces moyens pour l’instant mais, après avoir trouvé des sanctions adéquates pour les violences sur le terrain, il faut en trouver pour celles hors du terrain. »

En attendant de trouver les bonnes solutions pour éradiquer violences et incivilités des stades ovales, Florian Béguine se félicite du soutien de la Fédération française de rugby à travers son Plan de lutte lancé cette année. « Il va dans le bon sens. Tout le monde prend conscience de la gravité du problème. La FFR est en train d’en faire une priorité et c’est nécessaire », retient-il.

Dans l’Ariège, où la montée inquiétante des violences verbales et physiques est un constat implacable depuis quelques saisons, une convention de lutte contre ces problèmes a été rédigée par le préfet, le procureur de la République et les services de police et de gendarmerie. Il s’agit d’un protocole qui prévoit de signaler tout match classé à risques pour mettre en place un dispositif de prévention. Les forces de l’ordre peuvent même être présentes lors du match.

Simon Bertoux, préfet de l’Ariège, le détaille  : « Notre protocole a un volet préventif et un volet répressifNous avons constaté une recrudescence des tensions autour de certains sports, il a donc fallu rassembler tous les acteurs et communiquer sur ce sujet. Tout le monde doit comprendre que la moindre violence, verbale, morale ou physique, pénalise l’ensemble de la discipline. Envahissement de terrain, insultes, véhémence des parents, non-respect des arbitres ou besoin d’intervention des forces de l’ordre, ce sont des choses qu’on ne veut plus voir. Il faut donc casser ces spirales négatives le plus tôt possible. »