Le Stade Bagnérais agit pour sa jeunesse
22/01/2025Bagnères-de-Bigorre, ses thermes, ses cours d’eau qui descendent des Pyrénées comme l’Adour qui jouxte l’une des tribunes du stade Marcel-Cazenave, fief des Noir et Blanc de l’historique Stade bagnérais (SB), aujourd’hui en Fédérale 1, riche de 400 licenciés et d’une école de rugby trois étoiles. Mais au sein de cet environnement rural et de cette cité de 7 000 âmes, les problèmes de la jeunesse sont les mêmes que dans d’autres territoires : sédentarité, écrans digitaux, hygiène de vie voire addictions, comme l’explique Patrice Padroni, un ancien éducateur spécialisé et l’un des trois co-présidents du club avec Christian Abeilhé et Philippe Arberet : « Le club est historique. On a des ambitions sportives mesurées notamment en raison du contexte économique, même si on travaille beaucoup sur la formation, comme le prouve notre équipe une où il y a de nombreux jeunes du cru formés au club. Mais on veut former des hommes et des femmes de valeurs avant de former des joueurs et joueuses. »
Le CTC Rémi Doucet, en charge depuis ses débuts du bassin n° 10, dit Bigorre, insiste, lui, sur la notion de ruralité : « La démographie n’est pas en notre faveur, avec des zones de montagne et quelques villes et villages. Il n’y a peut-être pas de moyens exceptionnels, mais la motivation et les astuces compensent. Le Bigourdan n’est jamais résigné. Ainsi, le club de Bagnères-de-Bigorre a une grosse présence sur son bassin de vie, dont le milieu scolaire avec des éducateurs ayant passé l’agrément de l’inspection académique afin de proposer des cycles scolaires rugby à diverses écoles et classes. »
Interventions de l’office des sports, du CTC, de docteurs ou de la gendarmerie
L’ancien international des Hautes-Pyrénées Michel Hondagné travaille pour l’office des sports (ODS) du conseil départemental des Hautes-Pyrénées. Avec sa collègue Hélène Figard-Fabre, ils interviennent dans les lycées, collèges, sections sportives, associations et clubs, comme le Stade bagnérais. Les thèmes de la santé, de l’alimentation, de l’hydratation, de la lutte contre la sédentarité, des bienfaits de l’activité physique, de la lutte contre les addictions, l’alcool, les drogues, le dopage ou des comportements à risques sont souvent évoqués. « Ce qui est très positif depuis ces derniers mois, généralise Michel Hondagné, c’est que des acteurs et dirigeants du rugby ont pris le sujet à bras-le-corps plutôt que de le mettre sous le tapis. Le rugby n’est pas une tribu isolée et n’a pas plus de problèmes que d’autres sports ou que la société en général. »
Il reprend, lucide quant au monde d’aujourd’hui : « Si la troisième mi-temps fait partie de notre sport, elle ne doit pas systématiquement signifier abus. Il est important de parler de tout ça. Le club bagnérais nous a d’abord demandé d’intervenir auprès de son centre de préformation en trois ou quatre occasions depuis la saison dernière. » En véritable acteur de son territoire, le Stade bagnérais a décidé de développer auprès de sa jeunesse des actions sur les thèmes évoqués. Dès la rentrée de septembre, et même en octobre, des interventions avec des médecins pour évoquer la santé au global ont été organisées.
Les parents invités afin d’être sensibilisés à ces thèmes
Le conseiller technique de club (CTC), une nutritionniste ou un docteur spécialisé en addictions ont aussi accompagné le club. Les équipes M18 et M16 ont été ciblées. « Quels que soient les territoires, relativise pourtant le CTC Rémy Doucet, qu’ils soient plutôt citadins ou ruraux, les problématiques de la jeunesse sont les mêmes. Ce qui change un peu est que dans nos terroirs, les enfants sont un peu moins sédentaires et davantage proches de la nature. » Lors de certaines de ces réunions, les parents sont invités afin d’être sensibilisés à ces thèmes, s’ils ne l’étaient pas déjà. « Ces actions ont été bien acceptées par les jeunes quand leurs parents ont été plutôt satisfaits d’accueillir ce genre d’initiatives », rappelle Patrice Padroni.
De même, l’équipe encadrante ou formatrice tente d’être la moins nombreuse possible afin de ne pas donner l’image d’un tribunal face à l’auditoire. Pour parfois donner encore plus de poids, des interventions pédagogiques des forces de l’ordre, afin de rappeler les interdits, ont permis la responsabilisation de chacun. Et aussi de rappeler les conséquences de certains actes. Le CTC Rémy Doucet insiste : « Pour le public des cadets, cadettes et juniors, ces actions de sensibilisation aux difficultés actuelles de la jeunesse, via des réunions, sont les bienvenues. On y trouve des bénévoles motivés, dynamiques et volontaires pour prôner les valeurs du rugby et défendre ce sport qu’ils apprécient auprès de leurs jeunes. Ces dirigeants ou encadrants sont aussi à l’écoute de conseils et tentent de mettre en place des choses pour le bien de leur club et de la jeunesse de notre département. Ce n’est que positif. »
Le thème de la santé est introductif et central
Le thème de la santé est introductif et central. « Notre docteur intervient également auprès de nos jeunes, rappelle le président Padroni. On propose aussi une journée chez les pompiers afin d’apprendre les gestes et attitudes à avoir. Le club s’intéresse au rugby, mais aussi à la vie de tous les jours. D’ailleurs, avec la très grave blessure en 2022 de Mathias Dantin qui est l’un des nôtres, la prévention des blessures est aussi un sujet important. La préparation physique, la bonne technique et le respect de l’adversaire sont inculqués afin de limiter les blessures pour soi et pour autrui. Le rugby doit demeurer un plaisir et non un défouloir. » Viennent aussi l’alimentation, la nutrition, l’hydratation ou le repos. Des thèmes pas forcément essentiels aux yeux de la jeunesse, de tous temps. Septembre et octobre y ont été dédiés au club.
Enfin, plus grave, il y a le travail pédagogique sur les substances addictives. « Parfois, l’alcool tient une place trop importante chez certains de nos jeunes, se souvient Patrice Padroni. Des débordements dus à l’alcool ne sont plus possibles. De même, voir des jeunes de 18 ans prendre la voiture au sortir du stade éméchés, pour peut-être avoir un accident, n’était plus tolérable. Certaines décisions ont eu du mal à être acceptées au départ. Ce n’était pas populaire mais, au moins, les problèmes ont disparu. »
Une charte signée par les joueurs, les parents et les dirigeants
Acteur de terrain, Michel Hondagné connaît bien la jeunesse. « Quel que soit le département, le village ou la ville, il y a des usages par les jeunes de matières addictives comme la cocaïne. Notre rôle est de faire ouvrir les yeux sur cet usage qui ne peut plus être considéré uniquement comme festif. Notre action en a ainsi que plus de sens. »
Qu’en a-t-il découlé afin de poursuivre ces rencontres, ces actions de sensibilisation et de formation ? La mise en place d’une charte signée par les joueurs, les parents et les dirigeants. Et puis, l’alcool est totalement interdit pour les jeunes, notamment dans les bus. En marge de ces actions ciblées, le travail de déploiement du rugby sur son territoire y est toujours fort. « Avec le CTC Rémy Doucet, conclut Patrice Padroni, le club va porter la bonne parole du rugby dans les écoles, et notamment dans les zones montagneuses, comme Sainte-Marie de Campan vers le Tourmalet ou les Baronnies. On essaie de faire connaître et aimer ce sport. » Si les joies, les colères ou les dérives des jeunes rugbymen et rugbywomen des Noir et Blanc ou de Bigorre sont semblables à celles d’autres jeunes de tout l’Hexagone, leur écoute et leur acceptation de ces formations et de ces décisions bonnes pour elles et eux sont certainement plus faciles. Pour devenir des hommes et des femmes accompli(e)s.
FICHE CLUB STADE BAGNÉRAIS
- Place Charles-Lacoste 65 200 Bagnères-de-Bigorre
- Présidents : Christian Abeilhé, Philippe Arberet et Patrice
- Padroni
- Responsable EDR : Jean-Claude Éleusippe
- Nombre de licenciés : 385
- École de rugby labellisée : 3 étoiles
- contact : stade.bagnerais@orange.fr / 05 62 95 10 22