Karaquillo : L’éminence grise
16/02/2016« Moi, je viens du foot », prévient Jean-Pierre Karaquillo en rajustant son écharpe. Son premier sport, celui de ses heures de gloire, au sortir de l’adolescence, lorsque la passion et le talent l’avaient conduit à un début de carrière professionnelle. Le foot, donc. Mais le Limougeaud, autodidacte assumé, entré dans une carrière de juriste et de professeur d’université par la porte étroite d’une « capacité en droit », n’est pas de ces hommes à se contenter d’un seul terrain à défricher. Son premier ballon a été rond et cousu de cuir. La suite, peu rectiligne, l’a entraîné vers des terrains moins familiers. Le basket, notamment, jusqu’à se retrouver en 2000 sur le fauteuil de président du CSP Limoges. Le rugby, également.
En décembre dernier, son nom a été inscrit sur la liste des 10 membres de la Cellule technique du XV de France, un groupe d’experts invités à présenter des « propositions pour améliorer la compétitivité » des Bleus. Il a été choisi par la FFR, puis adoubé par la LNR. Première réunion vendredi 22 janvier dernier. « Très riche et constructive », résume-t-il. Le rythme en sera hebdomadaire.
A 72 ans, Jean-Pierre Karaquillo a accompagné quelques-unes des heures les plus décisives du sport français. Il l’a fait dans l’ombre, sans rechercher les honneurs, apportant sa connaissance des textes, son expertise des règles et sa connaissance du milieu.
Pelous et Zidane comme élèves
« Le rugby, j’y ai mis le pied pour la première fois en participant activement à la création du secteur professionnel, raconte-t-il. Les dix plus grands clubs de l’élite étaient venus me voir pour me demander de les aider. Ils voulaient me rémunérer. J’ai accepté de les accompagner mais j’ai refusé l’argent. A la place, j’ai mis comme condition que, une fois organisés de façon professionnelle, ils embauchent en priorité les anciens du Centre de droit et d’économie du sport de Limoges, que j’avais créé à la fin des années 70 avec François Alaphillippe. Ils l’ont fait. »
Depuis, le rugby s’est installé dans le professionnalisme. Jean-Pierre Karaquillo, lui, a vu défiler sur les bancs de sa formation de manager général de club sportif, à Limoges, une impressionnante succession de grands noms de la discipline. Jean-Marc Lhermet, notamment, était de la première promotion. Fabien Pelous, Christophe Dominici ou Marc Lièvremont, les plus illustres du lot, l’ont suivi. Jean-Pierre Karaquillo n’en a oublié aucun. Il peut encore citer aujourd’hui, dans l’ordre chronologique, Gilles Cassagne, Christian Covi, Julien Frier, Jean-Baptiste Rué, Michel Macurdy, Morgan Champagne ou encore l’Allemand Robert Mohr. « Tous ont été diplômés, précise-t-il. La promotion de Julien Frier était aussi celle de Zinedine Zidane. »
Au CNOSF, où il préside la commission interfédérale des agents sportifs, il côtoie Bernard Lapasset et croise aussi Pierre Camou. Il évoque Pierre Villepreux comme l’un de ses « amis intimes ». Et avoue : « Je marche avec mes tripes, j’ai toujours été ainsi. Je ne suis pas seulement dans le rugby pour apporter mon expertise et mes connaissances. J’y suis entré par affinités avec des gens de ce sport et de cette fédération. Aujourd’hui encore, j’ai accepté de m’investir par attachement aux hommes et aux valeurs. » Un homme de cœur. Un fidèle.