Fédération à missions : L’Isle-Adam, toujours sur le pont

02/01/2025
À grosse portée de drop au nord de la capitale, le club du président de L’Isle-Adam, Bruno Quadrone, aimerait renouer avec quelques actions sociales récentes et apporter une plus grande cohésion à ses adhérents grâce à un club-house qui lui manque tant depuis plus d’un demi-siècle.

Sur le chemin de la séance du jour des Vieilles Chouettes, quelques joueurs de cette équipe Loisirs à plaquer sont interpellés par le président pour qu’ils s’occupent au plus vite de valider la licence de leur enfant. L’un d’eux est un nouveau membre de la famille du Rugby Club de L’Isle-Adam (RCIA) depuis ce vendredi soir et célèbre la nouvelle en plaquant furieusement son paternel. Il vient renforcer un contingent déjà densément peuplé. « On a une école de rugby complète et talentueuse, rappelle le président du club du Val-d’Oise, en progression régulière, à 140 membres cette année. C’est ce qui marche le mieux chez nous. C’est plus compliqué ensuite. Avec seulement 13 cadets, on est en entente avec le Parisis Rugby Club qui regroupe plusieurs communes comme Franconville, Ermont et Taverny. Et nos juniors sont en doubles licences. Des Baby aux Vieilles Chouettes, de 3 à 55 ans, on a environ 260 licenciés. »

Bruno Quadrone a déjà occupé la fonction pendant sept ans jusqu’en janvier 2023. À 63 ans, il a déjà beaucoup donné à ce club qui a célébré son demi-siècle l’année dernière. Ancien joueur chez les jeunes, les séniors et les Vieilles Chouettes, il a prodigué ses précieux conseils aux enfants de l’école de rugby (EDR) pendant 13 ans, à commencer par ses deux fils. Dirigeant séniors, trésorier adjoint puis une première fois président, l’ancien électricien dans la « civile » a donc repris du service après 18 mois en retrait des affaires du club. « J’avais démissionné pour des problèmes de santé et de relation avec la mairie, explique Bruno Quadrone. Mon successeur, Thomas Gransart, a dû son tour quitter la fonction et je suis revenu à sa demande et celle d’autres. Depuis le 26 mai dernier, j’ai donc repris le flambeau avec enthousiasme. Le côté humain m’avait beaucoup manqué. Quand on y a goûté, c’est difficile de s’en passer. Ça prend quand même beaucoup temps, d’énergie, mais nous voilà repartis avec une belle équipe. »

Des actions l’été dans les centres aérés de la ville

Parmi les dossiers qui s’empilent sur son bureau, Bruno Quadrone aimerait ouvrir plus souvent celui du développement du rugby en milieu scolaire  : « On mène des actions l’été dans les centres aérés de la ville. Et depuis quatre ans, on assure un cycle de trois mois à l’école primaire de Bruyères-sur-Oise. On y est entrés plus facilement parce que le responsable des M12 de notre EDR, Abdelkarim Derradji, y habite, connaît bien le maire et la directrice de l’école. Il y a une dizaine de kilomètres mais une bonne vingtaine de gamins du club viennent de là. » Mais ses injonctions à quelques éducateurs ou jeunes de passer leur brevet d’État sont restées sans écho, posant un problème structurel. « C’est compliqué pour nous d’aller dans les écoles parce qu’on n’a pas de brevet d’État, le sésame pour y entrer, grimace-t-il. Le CD 60 fait un gros travail pour nous en donner l’accès mais ça reste compliqué. » Le président du RCIA voudrait bien renforcer la place du club dans les classes locales, comme il aimerait remettre sur pied ces actions régulières menées jusqu’en 2022 avec des instituts médico-éducatifs de proximité, qui ont réuni jusqu’à 60 participants sur le terrain du stade Philippe-Grante.

Le club a aussi accueilli ces dernières années une fille et trois garçons du foyer d’hébergement social de Persan. « Ils ont commencé ici à 6 ans, apprécie-t-il, et sont restés quelques années. L’un d’eux a même été repéré par Montpellier où il est parti. Ce sont des enfants sans parent pour la plupart, ce qui compliquait sacrément la réalisation de leur première licence. Mais on n’a jamais eu le moindre souci avec eux, bien au contraire. » Depuis quatre ans, le club accueille également des jeunes en situation difficile amenés par le club de Sarcelles. « Ça se passait super bien. Quand ils sont éloignés de leurs immeubles, qu’on leur donne un contexte différent, ils se sentent bien et s’épanouissent. Au repas qu’on organise chaque trimestre avec les séniors, ils étaient toujours là pour donner un coup de main. La mère de l’un d’entre eux avait même cuisiné un repas pour les 60 convives. »

« Un club-house, c’est l’identité d’un club »

Depuis le début de saison, Bruno Quadrone reste jusqu’à tard pour régler les tâches administratives dans le bureau alloué au club. Le complexe partagé avec les clubs d’athlétisme, de football et de pétanque héberge également un skate park et un boulodrome refaits à neuf. Une absence de taille est pourtant à déplorer  : « On n’a pas de club-house, c’est notre grand malheur, regrette le président du RCIA. À ma demande il y a deux ans, on a installé une petite terrasse où on fait les repas d’après-match, mais ça fait 50 ans qu’on attend d’avoir un endroit à nous pour se retrouver, échanger. Un club-house, c’est l’identité d’un club. Ça manque beaucoup. Les séniors se retrouvent dans un café-restaurant deux à trois fois par semaine. Mais on n’a que 32 licenciés cette année, ça va être compliqué. Avec des mauvais résultats et sans club-house, on en perd chaque année. »

Une solution a peut-être été trouvée, même si elle divise au sein des rangs du RCIA. « On se rapproche de la ville de Persan, à 6 kilomètres, dont le maire est un ancien éducateur du club, insiste Bruno Quadrone. L’un des deux stades est en train d’y être rénové pour le rugby. On pourrait y organiser des séances pour les juniors et adultes. Surtout, il y aurait un club-house avec cuisine et une salle pour les festivités. Ça pourrait se faire la saison prochaine et changer radicalement la vie du club. » Il aurait assurément préféré avoir ce lieu hautement stratégique à proximité du terrain où les Vieilles Chouettes terminent leur entraînement, sans pouvoir boire une petite bière ensuite. Pour le moment.

FICHE CLUB RUGBY CLUB DE L’ISLE-ADAM