« Du Stade vers l’emploi » : Quand le rugby travaille pour l’emploi
29/03/2024C’est une opération sans calcul aux résultats remarquables : six mois après cette journée « Du stade vers l’emploi », plus de la moitié des chercheurs d’emploi participants en ont trouvé un grâce à cette journée (53 %). Les entreprises en repartent le plus souvent avec la main-d’œuvre désirée et le club hôte est très fier d’avoir changé quelques destins en jouant son rôle de créateur de lien social, d’inclusion et d’insertion. Après sa création il y a cinq ans par l’ancien président de la Fédération française d’athlétisme (1997-2001), Philippe Lamblin, la Ligue Île-de-France a été la première à fouler le terrain « Du stade vers l’emploi » en 2022.
Devenu viral et fédéral l’année dernière, l’événement aux multiples vertus, organisé aux six coins de l’Hexagone, doit sa réussite à son concept qui bouscule les codes du recrutement, laissant le CV au vestiaire, décomplexant les entretiens. Vincent Pubert, chargé de mission bénévole Emploi à la FFR, décrypte la formule magique : « Lors des ateliers d’initiation de rugby du matin, personne ne sait qui est qui. Les entreprises peuvent déceler les qualités individuelles de chacun, de solidarité ou de prise d’initiative par exemple. Après un déjeuner convivial et la révélation de l’identité des recruteurs, on passe aux entretiens l’après-midi. Mais ils sont déjà bien avancés parce que l’entreprise a pu évaluer les candidats et leurs qualités. C’est une formule qui marche puisqu’on arrive à ce taux au niveau national de 53 % d’embauches au bout de six mois. Plus d’un candidat sur deux, c’est quand même assez remarquable. »
Un rendez-vous incontournable !
Depuis cinq ans et les premières éditions, l’effet boule de neige tourne à plein. Le nombre de fédérations sportives engagées a bondi en deux ans, passant de cinq à douze. Dans les pas de la Ligue Île-de-France de rugby, pionnière dès le printemps 2022, la FFR est entrée dans la danse l’année suivante. Sa direction de la Territorialité encourage et planifie depuis la multiplication de ce rendez-vous déjà presque incontournable. Le cap fixé des cent dates voit la barre des cinquante premières réservations déjà franchie pour le premier semestre, le tout réparti dans les 13 Ligues de la Fédération, qui ont désormais toutes leur référent « Du stade vers l’emploi », autre preuve de l’importance prise par le dispositif.
Ce dernier s’inscrit dans le cadre d’une convention signée entre Paris 2024, l’Agence nationale du sport et Pôle Emploi qui participent à son financement, comme le ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion et le COJO. Il disparaîtra logiquement l’année prochaine et sa manne avec, mais personne ne doute de la pérennité de l’opération dans le temps, et surtout pas son fondateur. « Mon vœu est que cette méthode de recrutement continue de grandir, de passer les 500 “Stade vers l’emploi” qui seront organisés en France en 2024 ! On profite de la dernière année du COJO et on fait en sorte que les régions s’investissent. Cette opération est une trop belle réussite. C’est l’inclusion incarnée », souffle Philippe Lamblin.
Et il n’y a aucune raison qu’elle s’essouffle. Les 900 agences France Travail, les 13 Ligues et de plus en plus de clubs engagés dans le dispositif vont y veiller. Le taux de retour à l’emploi affiché est son plus bel argument, mais il faut compter aussi sur un réseau d’entreprises locales ou nationales qui va mathématiquement se densifier, sur un maillage du territoire de plus en plus serré. Dans sa définition du rôle citoyen des clubs, la FFR incite ces derniers à devenir des piliers de leur communauté. « Ils représentent des espaces fédérateurs, vecteurs de valeurs et de fierté. Le rugby doit continuer de s’affirmer comme un outil de transformation sociale et communautaire », est-il rappelé. « Du stade vers l’emploi » ne saurait mieux répondre à cette définition.
Qui fait quoi ?
France Travail se charge de la sélection des demandeurs d’emploi, de la recherche d’entreprises et de la coordination du job dating. La Ligue et le club s’occupent de la logistique, des ateliers rugby et de la restauration. Les infrastructures auront été mises à disposition par la collectivité, qui s’occupe aussi de la visibilité de l’événement. La FFR coordonne l’opération sur le plan national.