David Courteix : « Cette équipe a les moyens de se montrer performante sur la durée »
11/08/2021Quel regard portes-tu sur les Jeux Olympiques et cette médaille d’argent ?
« Très rapidement après la finale, puis c’est vrai, de façon un peu récurrente depuis, je l’ai beaucoup dit depuis notre retour, c’est un sentiment de soulagement qui s’est imposé. La vie peut parfois s’avérer profondément injuste, le sort d’une rencontre tient parfois à si peu quand on affronte des adversaires d’une telle qualité, que l’investissement des joueuses, du staff, aurait pu ne pas être récompensé par un résultat marquant. Ce n’est certes pas l’usine, on est loin des 3×8, des chaînes de Montage et du quotidien complexe de tout un tas de personnes, mais cette médaille est le fruit d’un entraînement acharné, d’une implication totale de la part de chacune et de chacun. Il faut le dire, il y a une part de démesure dans tout cela et des choix forts d’engagement. Je sais que faire des choix, c’est par définition mutilant, je suis heureux que ceux, que cette longue campagne qui en a supposé bon nombre, soient récompensés de la sorte. Je suis un témoin privilégié et attentif de tout cela depuis des années, je pense que c’est la raison pour laquelle, je me sens un plus léger depuis samedi. J’espérais tout simplement que ce groupe dans son ensemble rentre avec quelque chose, c’est fait. Très près de tout cela, le bonheur des autres a toujours été un moteur important du mien. C’est souvent plus intense encore quand ils me sont proches… Je m’en suis déjà ouvert également, je ne suis pas toujours très démonstratif, dans ces moments, mais sincèrement, si c’était très intérieur, c’était très fort. Dépassé ces émotions, l’équipe a fait preuve de maîtrise d’enthousiasme, de fraîcheur de spontanéité et d’un bel esprit d’entreprise tout au long du tournoi. Ces caractéristiques sont devenues assez habituelles depuis quelques années. C’était très conforme, il a fallu naturellement aller se le chercher mais il n’y pas eu à sortir des désormais fameux standards qui sont ceux de l’équipe actuellement. Des encadrements sont venus saluer la performance avant la finale et transmettre leurs encouragements. Leur message présentait cette finale comme logique au regard des prestations des dernières saisons, c’est une belle reconnaissance. Avec toutes les limites liées à l’incertitude du sport que j’évoquais tout à l’heure, je pense effectivement que cette performance n’est pas une surprise ou un exploit pour les initiés mais plutôt le fruit d’une progression globalement linéaire. Cette quête que Fanny évoquait dans ses propos dans un journal spécialisé me semble s’être construite pas à pas. Elle est aussi celle des générations passées tant elle est celle d’un apprentissage collectif et d’un héritage éclairé. Pour finir sur les jeux de façon plus générale, je garde de yeux d’enfant face à l’événement sportif et ce qu’il représente. Même quand on est baigné dans la culture rugby du 6 nations, des Coupes du monde, on est obligé de s’incliner devant la puissance des Jeux. C’est tout simplement exceptionnel par ce que ce que cela signifie sur le plan sportif. Au risque de heurter les puristes du ballon ovale (dont je suis !), je rejoins totalement Laurent Tillie quand il dit qu’en sport, il n’y a rien de plus beau. Attention, cette réflexion revêt un caractère très personnel ».
Cette médaille répond-t-elle à vos objectifs ?
« Nos objectifs sont depuis des années de jouer de mieux en mieux ensemble, de développer notre complicité, nos compétences en tant qu’individus comme en tant qu’équipe, d’élever notre niveau de maîtrise et d’engagement dans le rugby que nous avons envie de pratiquer et de mobiliser tout ce qui va nous permettre de créer de la performance le jour J. Cependant, il est bien clair que derrière ces mises en œuvre concrètes, fondamentales et prioritaires, ceux sont bien sûr des appétits de résultats que nous souhaitons nourrir. Les filles avaient fixé le cap d’une histoire qui dure depuis longtemps. Rio en 2016 a été une première étape. Ce fut stimulant, exaltant, idyllique dans un premier temps puis l’échéance en elle-même fut ratée, déconcertante et même traumatisante à plein de niveaux. Le débriefing que j’ai souvent évoqué s’est avéré être un nouveau point de départ. Il fût agité, animé, foisonnant, tumultueux, exigeant sur le plan personnel mais aussi d’une richesse immense en termes de projection. Nous avons avancé ensemble dans de nombreux domaines que nous effleurions, que nous évoquions de façon théorique, que nous cherchions à mettre en œuvre mais qui restaient insuffisamment intégrés. La vie de groupe et ses impondérables, la capacité à se confronter, à débattre, à s’écouter, à trouver sa place, à préserver celle de l’autre. La performance sous toutes ses formes méritait plus d’analyse, plus d’échange et a progressivement pris une très large place. La dynamique s’est engagée, la construction du commun s’est renforcée, la démarche d’entraînement, les objectifs en termes de jeu, les moyens qu’ils convenaient de mettre en œuvre pour être de plus en plus performantes … tout y est passé. L’investissement intellectuel et sportif a construit les objectifs. Parmi eux les résultats étaient sous-jacents, le podium aux Jeux Olympiques en faisait partie. Les résultats probants en WSSS, les victoires contre les nations qui jusqu’ici nous dominaient sans partage, une finale de coupe du Monde et une médaille d’argent olympique plus tard, des objectifs de résultat sont effectivement atteints. Je tiens malgré tout à aller au-delà de de ce résultat. C’est pour ma part la progression qui me marque et me reste, aussi bien sur le plan du rugby, du physique, de la technique que du mental. La performance est quelque chose d’éminemment complexe et elle passe par des efforts de réflexion sur la capacité à apprendre, à comprendre mais aussi à partager avec l’autre. Toutes les réactions après ce résultat démontrent que nous sommes performants dans ce domaine et ce n’est pas neutre au regard de nos productions sur le terrain ainsi que de notre capacité à avancer. Si les réactions positives de personnes que nous côtoyons plus ou moins régulièrement voire de celles qui nous sont totalement étrangères, sont empreintes d’autant de sympathie, c’est sans doute que cette équipe dégage quelque chose de positif par son jeu, son attitude, sur, comme en dehors du terrain. Tout ceci n’est pas neutre pour ce qui me concerne. L’image que projette une équipe est souvent le reflet de ce qu’elle est. L’authenticité se voulait être un ciment puissant. L’enthousiasme, l’ambition, l’envie de jouer, de le faire le mieux possible, de prendre du plaisir à la faire ensemble aussi. Si c’est ce que cette équipe dégage, alors cela est aussi à relever comme un élément de performance. En résumé, le résultat, bien sûr, sera sans doute gravé à jamais dans la mémoire de beaucoup de gens, mais tout ce qui l’a nourri, que je viens d’évoquer et qui transpire, je pense, le restera tout autant. Je veux croire que c’est important en externe mais j’ai aussi au fond de moi la conviction que pour le groupe et son futur, cette histoire, ce cheminement s’avéreront capitaux. C’est la médaille d’un ensemble et c’est sur de telles bases que tu crées la performance d’un projet. Rio n’était pas une fin en soi, Tokyo non plus, la Coupe du monde l’année prochaine et les Jeux de 2024 ne le seront pas non plus. L’équipe de France à 7 a vocation à perdurer ».
Avez-vous réussi le pari du jeu prôné par les joueuses ?
« Au tout début, deux volontés se sont rejointes. Les joueuses voyaient le 7 comme une discipline de liberté, un terrain d’expression de leurs envies d’entreprendre, une opportunité de jouir de l’espace pour libérer leur créativité, de toucher des ballons et de multiplier les situations de 1/1 de décalage positionnel. L’aspect ludique était leur moteur. Elles revendiquaient l’envie de jouer un rugby basé sur la liberté d’initiative, sur le mouvement collectif ou l’intelligence tactique collective. Par conviction, par culture et par envie cela me plaisait ! J’aurais été incapable de faire autre chose je pense. Je voyais le rugby comme un jeu, comme une discipline à dominante tactique, j’avais fait l’UFR STAPS, j’étais de l’école du mouvement général j’avais étudié les travaux de René Deleplace. Je lisais Conquet Devaluez, j’étais attentif aux mises en œuvre de l’époque (Robert Bru puis Pierre Villepreux, Jean Claude Skrela, Christian Déléris…). Les éducateurs et les entraîneurs que j’ai croisés étaient pour bon nombre des convaincus, je ne les citerai pas pour ne pas noircir la page mais je sais qu’ils se reconnaîtront tous s’ils lisent ces quelques lignes. Le terreau semblait favorable sur les envies en matière de rugby et l’échange à ce niveau-là a été rapidement engagé. On a donc réfléchi ensemble à une philosophie de jeu qui mêle les appétences des joueuses et les principes fondamentaux du jeu. Il fallait entraîner l’adaptation, construire des principes collectifs, reconnaître des signaux, bâtir des repères simples et pour ce faire se mettre énormément en situation. On a finalement débuté par une défense de fer et des ballons de contre, faisant progressivement du désordre organisé une véritable force. Très modestement nous avions le sentiment de nous appuyer sur ce qui faisait la force, l’histoire et la culture du rugby français. Les joueuses qui sont arrivées ont adhéré, les membres du staff qui s’‘est peu à peu étoffé également. Antho (NDLR Couderc) a intégré la préparation physique au maximum, le terrain est devenu notre espace de prédilection… Éric Lombarteix passé par le sport étude d’Ussel et les conseils de Pierre Pérez puis Paulo Albaladéjo avec sa culture ont nourri cette philosophie de leurs observations et interventions Germain avec qui nous entraînons aujourd’hui avec une grande complicité et qui possède la même culture, apporte sa sensibilité, son sens de l’espace, son goût pour le mouvement, le changement de rythme et bien d’autres choses encore ! Toutes ces personnes ont apporté une valeur ajoutée essentielle à ce projet. Ils sont tous pour beaucoup dans l’évolution du jeu de l’équipe, de sa préparation et de l’évolution de la démarche d’entraînement. Ils ne courent pas après les honneurs et c’est tout à leur honneur. C’est pour cela qu’il me semble important de le dire. Une fois affirmée cette évidence pour moi, le point clé reste, je le pense, le goût des joueuses pour cette philosophie de jeu, le fait qu’elles y prennent du plaisir et que ceci se ressente. Leur implication à le voir s’améliorer et s’enrichir sans cesse, le fait qu’elles en aient fait leur patrimoine jouent également un rôle prépondérant, c’est mon sentiment sincère. Enfin et pour moi, (je pourrais dire, pour nous accompagnateurs quotidiens), le fait que tout ceci se fasse dans la plus grande des exigences certes mais aussi dans la plus grande des simplicités constituent aussi un élément majeur. J’ai pour coutume de dire que nous ne sauvons pas des vies, que nous ne faisons pas décoller des fusées, il ne s’agit pas d’une fausse modestie, il s’agit d’un simple constat. Je pense à la lumière de tout cela que le pari du jeu prôné par les filles est plutôt une réussite. Elles s’y reconnaissent, y retrouvent leurs tempéraments individuels, leur identité collective, elles y revendiquent une culture, une façon de vivre, la manière dont elles voient l’activité. Leur talent, la démarche d’entraînement construite ensemble et l’état d’esprit font qu’aujourd’hui le tout par le biais de sa simplicité et de sa cohérence produit du résultat, trouve simplement que c’est tant mieux ».
Ces éléments sont-ils à ce point centraux pour toi ?
« Ce qui nous rassemble au départ, c’est notre passion du rugby et notre envie d’y être les plus performants possible tous ensemble. Nous nous sommes construits c’est vrai autour de notre envie de jeu et c’est central en ce sens. Je trouve qu’avoir fait le pari de ce jeu et s’être astreints à le transposer à notre vie collective au quotidien pouvait se révéler un pari osé, voire courageux. Il supposait des attitudes et des comportements que j’ai déjà évoqué en filigrane parfois, de façon plus limpide d’autres fois. Un exemple rapide : La liberté d’initiative sur le terrain suppose une exigence individuelle et collective de tous les instants, il est indispensable que tout le monde prenne ses responsabilités. Autrement dit et pour faire simple, la liberté a un coût, elle suppose des efforts individuels et collectifs sincères, plaisants auxquels on donne du sens. En bref, la liberté est extrêmement contraignante ! Il y a tout de même un beau parallèle à établir avec la vie. Sans polémique aucune, dans un monde dans lequel on se perd beaucoup à mon sens entre liberté individuelle et intérêt du plus grand nombre, le fait de vouloir transposer dans le quotidien la richesse des enseignements du terrain pour en faire une forme de projet de vie partagé était un beau défi. Il le restera à coup sûr, l’ouvrage devant, dans ce domaine comme dans la plupart, être systématiquement remis sur le métier, mais pour ce cycle, on peut dire que c’est plutôt réussi. A la sortie, il y a une performance probante et je sens des gens épanouis dans le quotidien. Je pense réellement que tout cela compte beaucoup, que l’alignement et la cohérence sont des clés notables pour ne pas dire fondamentales de la conduite d’un projet et que ces éléments se nichent dans des petits rien du quotidien. J’ai même tendance à penser parfois que les fameux détails se nichent avant tout dans les évidences. Tout cela me séduit énormément dans le cadre de ce projet de performance, comme pour les enseignements que j’ai envie d’en tirer de façon plus globale. Pour ce qui nous concerne, nous sommes un ensemble baroque de gens n’ayant pas le même vécu, nous sommes perclus de différences en matière de points de vue, de sensibilité et de culture et nous faisons un ensemble plutôt harmonieux… Je veux penser que cela est transposable même si je sens bien que là j’échappe un peu au cadre de l’interview. Cette équipe s’est construite dans le dur par moment, c’est resté, il y a cet héritage aujourd’hui. Une fois de plus, tout cela me semble vrai, simple, personne ne se ment ou ne se prend pour un autre. C’est une force immense et un trésor précieux, il faut le préserver, il est à mon sens une des clés de l’avenir. Un dernier exemple si je le peux. Des filles sont restées à quai et pourtant elles ont le sentiment d’avoir été actrice dans ce projet même si elles ne l’ont pas forcément été au moment où cela compte le plus, où elles auraient le plus aimé l’être. C’est normal, connu, dit et assumé mais cela ne bride pas les autres. Les témoignages reçus tout au long de la fin de préparation démontrent que ce groupe est resté soudé malgré les inévitables et compréhensibles frustrations. C’est un tour de force, car Il faut faire avec les autres sans pour autant s’oublier soi. C’est clairement la médaille olympique de tout un groupe ».
Quelle était l’ambiance entre équipe aux Jeux ?
« Beaucoup décrivent le haut niveau comme quelque chose d’impitoyable et il l’est par certains côtés mais je trouve que l’émulation entre nations a été vécue de façon très humaine. Ces constats sont, pour ce que j’en ressens, extrêmement rassérénant dans un monde perçu à juste titre comme redoutablement concurrentiel. Quand nous nous sommes croisés, j’ai perçu chez la plupart des membres des autres équipes le plaisir sincère de se retrouver après une période très particulière. Il n’y a pas eu de guerre des nerfs, le respect était là et je l’ai ressenti comme extrêmement honnête. La compétition a été vécue comme un jeu, un jeu sérieux certes mais un jeu quand même, une simple façon de donner le meilleur de soi-même ».
Que dire de la fin de carrière de Fanny Horta ?
« Fanny a été absolument indispensable et incontournable dans cette aventure. Elle le sera jusqu’au moment où elle s’en ira. Fanny est un monument du rugby féminin, même si elle ne le revendique pas et que la médiatisation relative du 7 féminin l’a privée d’une reconnaissance peut être plus large dont je suis certain qu’elle n’était en aucun cas un objectif pour elle. C’est une joueuse hors du commun, une athlète extraordinaire. Fanny, c’est 15 ans de haut niveau à XV ou à 7. Elle a eu une constance dans la performance, dans la présence qui relèvent de l’exception. Il y a peu d’athlètes qui peuvent se targuer d’avoir 15 ans de carrière en étant performant de façon aussi linéaire. Elle n’a quasiment pas eu de trous d’air. J’ai une relation particulière avec elle comme elle en a une avec chaque membre du staff ou de l’équipe. On s’est construit de telle façon que nous avons eu des échanges très réguliers durant toutes ces années. Ils ont toujours été très francs et ont souvent conduit à de nombreux débats animés et passionnés. Nous avons une relation de confiance et même d’amitié. Elle est une longue compagnonne de route très impliquée dans la construction du commun et de ses impondérables … Elle restera un emblème de ce projet car elle est à la genèse d’un cap essentiel, à savoir le passage au professionnalisme. C’est un leader puissant, charismatique qui ne force jamais le trait. C’est quelque chose de très naturel chez elle. Fanny a su être un point d’ancrage du vestiaire qui a su se questionner pour atteindre une maturité rare à ce niveau. Elle est restée naturellement elle-même tout en évoluant en en permanence, prenant pleinement conscience de tout. Cela n’a pas toujours été facile pour elle mais pour tout ce qu’elle a fait, elle mérite un grand coup de chapeau. Fanny, à l’image de ce groupe, a emmagasiné un tas de connaissances sur la performance, l’exigence de la simplicité et la manière de vivre en groupe. Elle est un exemple à suivre, elle a su constamment s’adapter et tous nous accompagner. Je suis notamment assez admiratif du fait qu’elle ait su faire don de tout ça. Elle ne s’est jamais servie de quoi que ce soit pour devenir incontournable. Paradoxalement, aujourd’hui, elle part après une immense carrière et un palmarès humain incomparable sans laisser de vide. Le seul qu’elle laissera sera celui de l’attachement que les gens ont pour elle. Fanny restera une joueuse incroyable et un leader hors du commun. C’est aussi et surtout une jeune femme d’exception ».
A quoi vont ressembler les prochaines semaines ?
« Il faut couper et profiter de l’instant car le groupe a fait preuve de beaucoup d’investissement pour en arriver là. Ensuite, j’espère que ce résultat va très modestement et humblement apporter au 7 de la reconnaissance. Je l’ai déjà dit, aujourd’hui c’est le rugby qui me passionne. Je ne le compare pas au XV, qui a été ma passion pendant de longues années mais j’estime que le 7 mérite à bien des égards, une place plus importante que n’est la sienne aujourd’hui. Il faut prendre conscience de la chance que nous avons d’être une Fédération olympique. Il est nécessaire de prendre conscience pour nous rugbywomen et rugbymen de ce que le sport olympique représente mondialement et de ce qu’il peut générer en termes de promotion et d’image, donc d’envie potentielle pour des joueurs, des dirigeants et des jeunes de nous rejoindre pour partager notre passion. Le 7 me semble à un tournant de son existence. Des réformes sont en cours au niveau international et la voie qui sera choisie sera pour moi déterminante pour le visage et l’avenir de la discipline. Ce travail nécessite une réflexion en profondeur sur la vision et la place du 7 dans le futur tant sur le plan domestique qu’international. Pour moi, l’équilibre est fragile, la discipline fabuleuse et d’une richesse inouïe à bien des égards, elle mérite à ce titre une attention accrue, bienveillante et j’insiste visionnaire autour de sa dimension olympique. A ce titre, il me semble indispensable d’insister sur l’importance et l’enrichissement immense qu’il y a à tirer pour le rugby français dans son ensemble d’être membre à part entière de l’équipe de France olympique. Les vertus de l’échange et du multisport sont tellement nombreuses qu’il faut les mobiliser à plein. Comment ne pas se nourrir des parcours des équipes de sports collectifs ? Comment ne pas s’interroger sur leurs capacités de réactions, leurs histoires respectives, leur stabilité, leurs capacités de remise en cause… Je suis interpellé à titre personnel par la discrétion, la passion et une nouvelle fois le sentiment d’authenticité qui me semblent caractériser les entraineurs de ces équipes et sans aucun doute les gens qui bossent avec eux, dans l’objectif d’aider des groupes d’athlètes à réaliser leur rêve. Le projet me semble nourrir toutes ces équipes, toutes et tous ces athlètes comme leurs accompagnants et non l’inverse. Ceci me semble à méditer. Peut-être y a-t-il derrière tout cela, à défaut d’une recette, une philosophie, une conception de l’humain, un sens de l’ombre, une forme de savoir-faire, des artisans du quotidien sans prétention qui ont beaucoup à partager… Profiter c’est aussi prendre conscience des moyens mis à notre disposition, savoir que nous sommes bien lotis à côté d’autres et qu’il nous faut à ce titre apprécier et savoir faire profiter. Il faut apprendre de ceux qui compensent des moyens moins importants par de l’ingéniosité, ce qui ne veut pas pour autant dire que nous soyons à la traîne dans le domaine. Bref, il faut nous donner les moyens d’aider à nos équipes à faire mieux à Paris en 2024. Il faut que le 7 féminin fasse mieux encore et le défi sera de taille, c’est tant mieux ! Il faudra à nouveau se poser les questions du cheminement réfléchi et cohérent pour espérer une performance susceptible de conduire à un tel résultat. Ceci passera par une réflexion sur l’environnement le plus porteur, sur la nécessité pour ce que j’en ressens de conserver des éléments forts de ce qui a présidé à la construction des performances de ces dernières années tout en sachant innover, chercher et s’interroger à nouveau. Le sport de haut niveau est souvent en proie à la déconstruction pour la reconstruction alors que je crois que tu ne construis pas sans bonnes fondations. Cette équipe a besoin de continuité même si elle aura également besoin de remise en cause. Il y a beaucoup à apprendre de cette olympiade. Une fois le bonheur de l’argent consommé, viendra le temps de la frustration de ne pas avoir décroché l’or. J’ai la conviction que cette équipe a les moyens d’être très performante à l’avenir. Je ne doute pas un instant qu’elle réussira à trouver le cap qui lui servira de boussole pour l’avenir et qu’elle saura se donner de nouveaux moyens d’avancer sur l’état d’esprit, l’exigence du quotidien, la capacité à s’entraîner dur et à choisir ses moments de focalisation les plus intenses. Le fait de fonctionner en petite structure me semble à titre très personnel être l’un des secrets de son agilité. Il faudra je pense aussi savoir garder l’ouverture d’esprit dont elle a su faire preuve par le passé en échangeant avec des nations comme l’Irlande ou l’Espagne, une nouvelle occasion leur rendre hommage tant ils sont pour beaucoup dans nos progrès. Je pense que ce goût du partage nous a enrichi et très modestement que cette force est à garder et à penser de façon plus poussée encore. J’ai enfin la conviction qu’il est nécessaire de continuer à mettre l’autonomie et la responsabilité au cœur du projet. J’insiste, un avenir plus beau encore est possible, il aura son coût, lui aussi, il sera humain essentiellement et pas si exorbitant au regard de ce qui a déjà été « investi ». Il supposera beaucoup de bon sens mais je pense vraiment que tout le monde saura à nouveau en faire preuve. Ce ressenti est finalement très personnel et je ne souhaite en aucun cas donner des leçons mais seulement modestement livrer quelques pistes de réflexion que j’avais envie d’ouvrir dans la mesure où elles germent dans mon esprit depuis quelques temps ».