Arbitrage : Reconversion tout terrain !
22/10/2021Maxime Chalon, Joy Neville, Nic Berry, Philippe Bonhoure, Alain Rolland, Karl Dickson, Joël Jutge aujourd’hui patron des arbitres à World Rugby, autant de noms d’arbitres qui il y a quelques années faisaient le bonheur de leurs clubs de première division ou de leur équipe nationale, et qui un jour ont orienté leur parcours vers l’arbitrage, retrouvant autrement le très haut niveau. Sur les traces de leurs aînés, d’autres joueurs se sont lancés dans l’aventure de l’arbitrage après leur carrière ballon en main.
« Il est évident que pour ces arbitres qui ont été joueurs de très haut niveau, et même internationaux pour certains, la connaissance du jeu favorise une lecture efficace » précise Franck Maciello « et nous sommes attentifs, lorsqu’un ancien joueur décide de se consacrer à l’arbitrage, à lui faire rapidement grimper les échelons, s’il en a bien évidemment les compétences, pour pourquoi pas lui permettre d’atteindre le très haut niveau rapidement. » L’arbitrage est ainsi un prolongement du parcours sportif, et même pour certains une nouvelle carrière.
« Bien évidemment » ajoute le DTNA «la pratique du haut niveau n’est pas la seule condition pour y officier avec un sifflet, tout comme le fait de ne pas y avoir joué n’est en rien rédhibitoire pour devenir arbitre de Top 14, mais nous pensons que c’est un élément facilitateur pour une progression plus rapide»
Nous partons à la rencontre de 5 anciens joueurs aux parcours différents qui ont décidé de réorienter leur trajectoire sportive vers l’arbitrage, après avoir été un jour Champions de France ou porté le maillot frappé du coq.
- Pierre Ollivier JULIEN
- David BEUN
- Adrien MARBOT
- Cyrille BOULAY
- Benoît ALBERT
L’Azuréen Cyrille Boulay n’a pas connu la « petite mort » de certains joueurs, qui après une longue carrière ont du mal à se faire à l’idée de devoir arrêter. Lors de sa dernière saison à La Seyne en 2015 l’idée de se lancer dans l’arbitrage a commencé à germer, il faut dire que Cyrille côtoyait déjà de nombreux officiels, à commencer par Mickael Simon, le préparateur physique de la DTNA.
« Cela m’a permis de digérer rapidement la fin de carrière que je sentais approcher, au cours de cette saison qui devenait de plus en plus dure pour moi. Cela s’est fait naturellement, et a certainement été facilité par le fait que j’étais capitaine de mon équipe, et que le rapport avec l’arbitre a toujours été pour moi important, j’ai constamment essayé d’entretenir cette relation de proximité.
S’il considère aujourd’hui qu’il est bien plus facile de jouer que d’arbitrer, Cyrille évoque beaucoup de similitudes dans les deux parcours, qui demandent beaucoup de travail. « J’ai la même exigence envers moi que lorsque j’étais joueur, beaucoup de rigueur, remise en question permanente, analyse de mes matchs sont autant de vertus qui étaient déjà nécessaires dans ma carrière de joueur »
Toujours aussi passionné, Cyrille se fixe encore des défis et des objectifs, compétiteur dans l’âme, il l’était, et le reste aujourd’hui.
« Naturellement les contraintes en temps sont moins importantes, tout au moins elles sont plus facilement aménageables, la préparation étant souvent individuelle, il suffit d’organiser sa journée, ma famille voit en tous les cas la différence ! »
Un aménagement de son temps qui lui permet aussi avec son coach, Laurent Perrin, de travailler l’analyse vidéo de toutes ses rencontres avec cette exigence qui a été la sienne lorsqu’il faisait les beaux jours de La Seyne ou de Hyères.
Le 3ème ligne de formation titulaire de nombreuses saison en Fédérale 1, champion de France en 2013 de la coupe des fédérations, croise encore régulièrement des anciens partenaires ou adversaires, avec toujours autant de plaisir car il attache beaucoup d’importance à partager sa vision du jeu et de l’arbitrage dans des échanges toujours positifs et constructifs « je profite aussi de ces échanges pour montrer que l’arbitre, ce n’est pas le côté obscur de la force, mais un partenaire de jeu, un passionné, comme le joueur ou l’entraineur, et que nous avons tous à apprendre les uns des autres, l’arbitre est en fait vraiment acteur au sein de son club »
Qualifiant sa reconversion de « véritable aubaine » Cyrille encourage dès qu’il le peut des amis à franchir le cap « l’arbitrage, comme dans un club, c’est aussi une famille que l’on se choisit, et qui favorise de nombreuses rencontres, y compris de grands noms ou grands anciens de l’arbitrage, qui ont toujours à cœur de transmettre de leurs valeurs, de leur passion »
En 5 saisons, Cyrille a gravi les échelons de l’arbitrage pour être installé maintenant en Nationale 1. « Pour le joueur que j’étais et qui ne connaissait pas forcément toutes les règles, c’est un parcours dont je suis fier, et qui est à la portée de beaucoup, avec du travail et de la volonté »
La suite ? Cyrille compétiteur dans l’âme, qui se fixe toujours des objectifs de performance, n’est cependant pas une obsession pour lui « Je prends les matchs comme ils viennent, et si je peux progresser encore j’en serai heureux ! »
Une progression à laquelle il associe sa famille car l’équilibre familial est pour lui un facteur de réussite clé dans cette fonction. « Et puis je n’oublie pas que lorsque j’ai préparé mon examen fédéral, ma sparing partner des révisions n’était autre que mon épouse ! »
Aujourd’hui, rien de plus facile que l’adresse jeveuxarbitrer@ffr.fr pour, comme Cyrille, connaitre cette aubaine et cette aventure humaine !