Arbitrage : Pierre Brousset, le 6ème homme

27/03/2019
Le panel des arbitres professionnels français vient d’augmenter d’une unité en janvier avec l’adjonction de Pierre Brousset à la liste de ceux qui font de leur passion une profession. Le Rieumois marche désormais dans les pas de ses aînés Romain Poite et Jérôme Garcès.

« Je ne suis pas quelqu’un d’inquiet en général, mais j’ai envie d’être à la hauteur de la confiance qu’on a mis en moi. » Lorsqu’on interrogeait Pierre Brousset il y a deux petites années au moment où World Rugby l’intégrait au groupe des arbitres du Circuit mondial à 7, ce dernier analysait cette« promotion » en toute humilité.

Rien de plus normal pour cet homme « aux qualités humaines qui coïncident bien avec les valeurs de notre sport », comme le confiait alors Romain Poite, qui travaille régulièrement avec son voisin(ils vivent à 10 km l’un de l’autre),mais aussi son protégé, notamment sur l’analyse vidéo de ses rencontres. « Je ne bosse pas avec beaucoup de monde, mais lui, j’ai dit oui tout de suite. Ça fait bientôt 8 ans qu’on travaille ensemble. En tant qu’individu, il n’a pas changé. Toutes les qualités que j’avais décelées en lui, à savoir le travail constant, la remise en question, l’humilité, le respect des autres, il les a toujours, et c’est ça qui me plaît et qui m’a convaincu de travailler avec lui. Il est très motivé. Il a un coach depuis qu’il est en Pro D2 – Alain Fernandez (Pays catalan, NDLR)– et nous, on travaille à côté, parce qu’il me l’a demandé. Après visionnage de ses matches, je lui fais mon rapport de mon côté et on travaille dessus pour continuer sa progression. Et ça, depuis qu’il est en Fédérale 3. Mais je ne suis pas son mentor, comme j’ai pu le lire ici ou là. Je suis plutôt un ami qui a plaisir à travailler avec Pierre. »

« Il faut savoir se remettre en question, accepter la critique »

Pierre Brousset, qui s’entraîne aussi avec Romain Poite pour ce qui est de la préparation physique et de la récupération, travaille d’arrache-pied, sans se ménager : « Il y a toujours des choses à travailler en regardant ses propres matches, en faisant son autocritique. J’accepte l’erreur. Sur un match, on fait des erreurs, il faut savoir se remettre en question, accepter la critique, car elle doit être positive. » Une marque de fabrique de cet arbitrage français tant envié. Avides des qualités de l’arbitrage tricolore, les instances internationales plébiscitent de plus en plus nos hommes au sifflet estampillés bleu, blanc, rouge.

Après Romain Poite, Jérôme Garcès, Pascal Gaüzère, Mathieu Raynal et Alexandre Ruiz, la FFR compte désormais avec Pierre Brousset un sixième arbitre au plus haut niveau. Jusqu’à présent, ce jeune homme de 30 ans cumulait deux activités professionnelles. Éducateur sportif auprès de jeunes en situation de handicap mental pour l’association AJH (Association des Jeunes Handicapés), il était également partie prenante depuis cinq ans dans un hôtel-restaurant familial, Les Palmiers, tenu par son frère, chef cuisinier, ses parents, ainsi que son épouse.

De la Fédérale 3 au Top 14 en six ans !

La carrière arbitrale de Pierre Brousset débute, comme pour beaucoup, par hasard. Joueur à Rieumes, comme son père avant lui, l’ouvreur (ou arrière) choisit de se consacrer très tôt à l’arbitrage : « J’ai été joueur jusqu’à l’âge de 20 ans. J’ai eu l’occasion de passer l’examen d’arbitre un peu par hasard en discutant avec quelqu’un de l’arbitrage ; je me suis dit que ça pouvait être intéressant de bien connaître la règle. Ça a commencé comme ça, à 17 ans. » Sa progression est ensuite fulgurante : « J’ai fait deux ou trois ans au niveau territorial, puis une saison en Fédérale 3, deux en Fédérale 2, une en Fédérale 1 et deux en Pro D2. C’est actuellement ma troisième en Top 14. J’ai eu de la chance au bon moment. »

À l’été 2016, après être passé, en six ans seulement, de la Fédérale 3 au Top 14, il valide une première expérience internationale lors la finale du Championnat du monde universitaire à 7, à Swansea, au pays de Galles. Il enchaîne ensuite avec le Circuit mondial à 7 pour la saison 2016-2017 et se voit confier quelques rencontres internationales à XV pour des Nations du Tier 2, tels les Samoa, les USA ou la Géorgie.

Après avoir goûté aux joutes du Challenge européen ces deux dernières saisons, Pierre attend patiemment son tour pour l’échelon supérieur. « Je continue à apprendre, à progresser. Ce n’est qu’en travaillant qu’on s’améliore et j’ai la chance de pouvoir faire ce que j’aime. » À ce rythme-là, la progression du Rieumois n’aura pas de limite.