Annabel Donadieu, pionnière en son rugby
06/07/2020« Je n’ai pas gardé d’amis dans le ski alors qu’au rugby, j’en ai encore plein. C’est une famille. » D’emblée, Annabel Donnadieu nous fait part de son amour pour ce sport qu’elle a découvert sur le tard. Kinésithérapeute, elle quitte sa région iséroise pour aller travailler au Centre européen de rééducation du sportif, dans les Landes. Une traversée d’Est en Ouest qui se fait également avec un changement de pratique sportive. Autrefois skieuse alpine, elle découvre le slalom dans la défense au club de Herm. Une réussite, puisqu’en deux ans, elle passe de novice à internationale.
Avec les joies du très haut niveau, elle se confronte aussi aux difficultés d’une discipline encore mineure et peu populaire en France. « Nous avions demandé des parkas pour le match des Cinq Nations en Angleterre en février. Nous les avons reçues en mai, pour notre départ pour la Coupe du monde de Barcelone. » Elle en rit et n’a aucune rancune en repensant à ses années avec le maillot du coq, elle qui est désormais la kiné des Bleues. Les difficultés que rencontrent « ses » filles du XV n’ont plus rien à voir avec les siennes. Et elle ne manque pas de le leur rappeler entre deux conseils d’étirements. « Nous avions demandé à avoir des écussons pour nos blazers et le soir c’était notre manageuse Wanda Noury qui les cousait dessus. »
Après sa carrière de sportive accomplie, Annabel Donnadieu quitte un temps le monde du rugby après la Coupe du monde 2002. Mais ce n’est que partie remise, puisqu’elle intègre le staff professionnel de l’Aviron bayonnais en 2017. Dans un environnement que l’on pourrait penser hostile, l’ancienne joueuse d’Herm s’épanouit pleinement. Pas de machisme, ni de gêne au final. « J’avais un petit peu le rôle de maman. J’ai essayé d’apporter un peu plus de douceur, ma touche féminine, dirons-nous. » Une année réussie qui la fait rempiler pour la suivante. Au terme de celle-ci, un changement s’opère au sein du staff. Annabel quitte alors les Bleu et Blanc pour les Bleues. C’est Annick Hayraud, manager de l’équipe de France, qui la contacte. Elles deviennent ainsi collègues après avoir été partenaires, toujours au sein du XV de France Féminin.
Aujourd’hui, le rugby a beaucoup évolué depuis ses premiers crochets et cela ne fait que commencer. La reconnaissance du grand public passera surtout par de bons résultats. « Quand je vois que pour la Tournée de novembre il y a presque 18 000 personnes au Stade des Alpes, c’est merveilleux. Ça montre tout le chemin parcouru par le rugby féminin français. » La Tournée de novembre en Nouvelle-Zélande et en Australie menacée, le rendez-vous est déjà pris pour l’année prochaine et la Coupe du monde.