Académie Pôle Espoirs : Aussi bons sur les bancs que sur le terrain

28/09/2023
Avec un taux de réussite de 95% au Baccalauréat 2023, les jeunes académiciens du pays peuvent avoir confiance en ce programme fédéral essentiel. Et leurs parents aussi. Mises en place en 2019, les Académies Pôles Espoirs ont toutes ce double projet au cœur de leur activité.

C’est pour l’instant un parcours sans faute pour Valentin Hutteau. Il y a deux étés, le prometteur demi de mêlée ou ouvreur a eu les honneurs du Stade de France en finale du championnat de France avec les Gaudermen de Massy. Malgré les 11 points au pied inscrits par Valentin, les Essonniens ont échoué face à Agen (16-33). Encore quart-de-finaliste fin juin dans la catégorie, le jeune Hutteau a été surclassé toute la saison avec les Alamercery du RCME. À 16 ans, il est promis à un bel avenir dans le rugby. Élève du lycée Lakanal à Sceaux, il a parfaitement conscience que ses bonnes performances sur le terrain doivent être accompagnées de résultats tout aussi convaincants dans ses études. « Il est bien sur les deux niveaux, approuve son père, Olivier. Il a de bonnes notes et les félicitations tous les trimestres. On voit qu’il est équilibré, bien dans sa tête, qu’il fait ce qu’il aime. Même dans ses études, il s’éclate. »

Une impression confirmée par Valentin lui-même : « Je suis en bac pro commerce-vente, ça me passionne aussi, j’ai toujours voulu faire ça. Et puis ça nous offre une autre opportunité, ça rassure. On peut mieux imaginer l’avenir. Mais le but, c’est quand même le rugby. » Valentin a attrapé le virus ovale à Pithiviers, dans le Loiret, à l’âge de 5 ans. Repéré lors d’un tournoi par un recruteur de Massy, il a intégré en quatrième l’internat voisin d’Igny avant de débarquer l’année dernière à Lakanal. « J’entame ma quatrième année en internat. La première a été un peu compliquée, mais je me suis habitué à cette nouvelle vie. Je suis bon élève, pas de problème. On ne sait jamais ce qui peut se passer. Pour moi, les études sont donc très importantes. »

Au printemps 2025, Valentin devrait sans trop de soucis faire partie des 95  % de bacheliers recensés encore cette année dans les Académies-pôles Espoirs (APE) du pays, un résultat bien au-dessus de la moyenne nationale de 84,9  %. Un succès scolaire qui ne surprend pas vraiment Baptiste Gatuingt, manager du Projet de performance fédéral (PPF) d’Île-de-France : « On appuie tellement sur l’importance du scolaire. Si l’idée de départ est de faire une carrière dans le rugby, l’implication dans les études est non négociable. On insiste là-dessus avec les candidats et les parents. Je leur rappelle souvent que moins de la moitié des candidats parviennent à vivre du rugby et devenir professionnels. »

Pour le père de Valentin Hutteau et tous les parents des jeunes élèves de ces APE, les excellents résultats constatés chaque été sont bien sûr rassurants. « C’est tellement difficile d’associer les deux avec les charges de travail imposées par le rugby. Mais il n’y a pas le choix : si ça ne va pas à l’école, des entraînements sautent, le rugby en pâtit. Il en est bien conscient », témoigne Olivier Hutteau, dont l’aîné, William (aujourd’hui au Stade métropolitain après être passé par Vannes et Bourgoin), a ouvert la voie il y a dix ans en quittant le foyer pour le centre de formation de Clermont.

Ils sont des dizaines de jeunes talents à faire le grand saut à chaque rentrée, avec quelques risques et périls. Baptiste Gatuingt : « Quand ils sont en structure, ils rêvent tous de passer à la télé et jouer en équipe de France ; c’est la raison de leur engagement sur cette voie. Mais on leur explique que les deux secteurs ont la même importance. Même s’ils réussissent et qu’ils en font leur métier, ça ne durera qu’une courte partie de leur vie. Il faudra bien faire autre chose ensuite. Pendant ces trois années de lycée en Académie, on leur donne des moyens pour tenter de réussir leur double projet, sportif et scolaire, par des aménagements d’emploi du temps, la disponibilité de professeurs pour des cours de soutien quand il y a des difficultés, un référent pédagogique qui les suit, fait des retours au manager de l’Académie, intervient lors des conseils de classe. Les équipes pédagogiques du lycée savent très bien que ce ne sont pas des élèves lambda avec dix heures de rugby par semaine. »

Mais ils déploient les mêmes ambitions de réussite sur les bancs de l’école que sur les terrains de leur club. Ce dernier est devenu au fil des dernières années un maillon essentiel de ce double projet. « C’est aussi notre rôle de les impliquer dans ce double projet, comme on implique toutes les personnes qui gravitent autour de ces jeunes. Le club est averti quand les choses ne vont pas au lycée. Ils sont au courant du contrat, ont le même discours. Ce sont des relais essentiels », poursuit le manager PPF francilien, l’un des huit de sa caste dans le pays.

Il donne un dernier exemple de l’interconnexion entre les études et le rugby, que tous les académiciens ont bien à l’esprit. « Si ça ne va pas à l’école, le stagiaire ne doit pas penser aux stages de sélection. C’est une belle carotte et c’est assez facile de jouer avec ça », sourit-il. À Lakanal, Valentin Hutteau est pour l’heure à l’abri de ça, menant ce double projet avec une grande réussite. Et de belles ambitions : « J’apprends énormément au quotidien ou lors des stages organisés par la FFR comme les Mercredis Bleus ou le Top 100. Cette année, j’aimerais bien être champion de France avec mon club, essayer de faire les équipes de France jeunes et aller jouer au plus haut niveau. » Comme tous ses collègues du pays.