Patrick Buisson : « Les clubs de Nationale ont franchi un nouveau palier »

17/02/2023
Patrick Buisson, vice-président, en charge du vaste chantier du rugby amateur, au cœur des travaux sur la nouvelle pyramide des compétitions, accompagne notamment l’éclosion et le développement de la Nationale et de la Nationale 2, dont il a reçu les dirigeants lors de séminaires début décembre.

France Rugby

Vous avez animé début décembre les séminaires des deux nouvelles divisons nationales. Un moment de partage d’expérience essentiel pour poursuivre leur développement ?

Patrick Buisson

C’est essentiel d’échanger avec les représentants des clubs, mais il est tout aussi essentiel qu’ils échangent entre eux. C’est une démarche de co-construction que nous avons initiée depuis plusieurs années avec des réunions régulières, en visioconférence le plus souvent. Ça permet parfois de débloquer des situations compliquées, sur des problèmes de calendrier par exemple. C’est très important et très efficace. Et puis une connivence s’installe peu à peu entre les présidents, qui s’organisent aussi sur un groupe WhatsApp. Enfin, une fois par an, ces séminaires permettent de nous retrouver en présentiel.

France Rugby

Qu’avez-vous retenu du premier séminaire de Nationale 2 ?

Patrick Buisson

D’abord que ça a été une vraie réussite au niveau de la participation, puisque presque tous les clubs étaient représentés. Les deux journées sont denses mais on réserve un bon moment à la convivialité, c’est la base ! Certains participants se connaissaient grâce à un passé commun en Fédérale 1. Et ils s’aperçoivent qu’ils ont franchi un nouveau palier, qu’ils appartiennent aujourd’hui à un nouvel écosystème.

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Quelle était sa raison d’être originelle ?

Patrick Buisson

L’objectif premier était de lisser les niveaux en redéfinissant l’exigence de chaque division. On s’est vite aperçus qu’il existait des différences notables d’ambition et de projet parmi les clubs évoluant en Fédérale 1 la saison passée. On a ainsi vu deux typologies de clubs émerger : ceux qui se dirigeaient vers un univers « semi-professionnel » et ceux qui souhaitaient rester amateurs. Il était donc important de créer ce niveau intermédiaire. Beaucoup de sceptiques nous prédisaient une catastrophe nucléaire pour les clubs. Ce n’est pas du tout le cas. On est en train de l’installer avec la volonté bien sûr de la pérenniser et de la valoriser..

France Rugby

À moyen ou long terme, quel est l’objectif fixé ?

Patrick Buisson

Ce que l’on souhaite vraiment, c’est créer un écosystème national où ces clubs seraient solidement positionnés dans cette strate. À terme, il faudrait que les clubs qui y accèdent soient structurés car ce n’est pas que l’équipe première qui monte, c’est tout le club. C’est la raison de l’obligation d’avoir un centre de formation labellisé pour les clubs de Nationale et un centre d’entraînement labellisé pour ceux de Nationale 2. Les clubs doivent être capables d’assurer leur propre plan de succession, ce qui va leur permettre de travailler en même temps sur leur structuration. Même s’il n’y a pas de cahier des charges, on sera très vigilants. On veut faire monter ces clubs en compétences progressivement, leur donner du temps pour se préparer à l’échelon supérieur.

France Rugby

La Nationale est dans sa troisième saison. Comment jugez-vous son évolution ?

Patrick Buisson

Elle s’installe et se structure, comme les clubs qui y participent. Elle atteint un peu sa vitesse de croisière mais des modifications vont être réalisées. La plus notable est l’instauration d’un « access match » pour la Pro D2 contractualisé dans la convention avec la LNR l’été dernier. À partir de la saison prochaine, il opposera le 2 e de la Nationale et le 15 e de Pro D2. Ça veut aussi dire que la finale de Nationale aura deux véritables enjeux, le titre et la montée. Une vraie finale ! Le graal, c’est plus souvent la montée que le titre. La saison dernière, la finale entre Massy et Soyaux-Angoulême n’a pas eu le retour médiatique et populaire espéré car il n’y avait pas cet enjeu de la montée.

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D’autres changements sont-ils envisagés ?

Patrick Buisson

On va réfléchir aux montées et aux descentes en Nationale 2. Quatre équipes – les deux dernières de chaque poule – qui descendent, je trouve que c’est trop. Les clubs demandent du temps pour s’installer, il faut instaurer un peu de stabilité. Il faut aussi penser aux équipes qui vont découvrir ce nouveau niveau. De la Fédérale 1 à la Nationale 2, c’est un autre monde quand même. La preuve avec les refus de certains clubs de s’y engager pour cette première saison par crainte de ne pas être à la hauteur sportivement ou structurellement. On apprend des expériences passées, des remontées des clubs et on évolue avec le temps, les nouvelles donnes et données.

France Rugby

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué après les six premiers mois de Nationale 2 ?

Patrick Buisson

Je suis impressionné de voir des clubs souvent hyper structurés. La grande majorité d’entre eux ont des directeurs, des managers, un secteur médical ou de préparation physique fourni, des moyens humains qu’ils n’auraient probablement pas en Fédérale 1. Ce qui les pousse à se structurer, c’est ce nouvel écosystème, qui leur permet de prendre leur temps pour gravir les échelons. Rendez-vous compte qu’il y a trois ans, on passait de Fédérale 1 à la Pro D2 ! La marche était énorme pour les clubs promus, et que dire pour les clubs relégués de Pro D2 ! Les candidats à la montée en Nationale cette saison me semblent bien armés pour y prétendre. Et puis à force, les clubs vont se préparer à ce niveau, savoir ce qui les attend.

France Rugby

Ces divisions nationales ont-elles donc déjà trouvé leur place dans la nouvelle pyramide des compétitions ?

Patrick Buisson

Il était essentiel de les créer. Les clubs ont pu nous l’exprimer lors des séminaires : leur adhésion est totale. Je retiens notamment que les deux clubs relégués de Nationale la saison passée ont exprimé leur satisfaction d’évoluer en Nationale 2, ce qui témoigne de la cohérence de la pyramide et des divisions. Ce premier bilan très positif conforte notre ambition de poursuivre le développement et la valorisation de ces compétitions.